
Lacs de Prespa : agir en zone transfrontalière pour une protection commune des zones humides

Lorsqu’une zone humide s'étend au-delà des frontières nationales, sa protection nécessite plus que de bonnes politiques environnementales : il faut instaurer une véritable coopération. Les lacs de Prespa, communs à l’Albanie, la Grèce et la Macédoine, illustrent parfaitement comment des pays peuvent collaborer pour protéger un écosystème unique et vulnérable.
Située dans un bassin de haute altitude et abritant environ 19 000 habitants, la région de Prespa se trouve à l’intersection des zones biogéographiques d'Europe continentale, de Méditerranée et des Alpes. Ses zones humides renferment une biodiversité exceptionnelle comprenant de nombreuses espèces endémiques. Mais la région subit de plus en plus de pressions, comme avec la chute des niveaux d’eau, la pollution et les effets croissants du changement climatique.
Début 2025, les trois pays se sont réunis pour demander une Mission consultative Ramsar (MCR) en vue de relever ces défis. Coordonnée par le Secrétariat de la Convention sur les zones humides, une MCR est un mécanisme de coopération et non pas de contrôle du respect des dispositions de la Convention. Elle produit des orientations techniques et stratégiques pour aider les pays à préserver ou restaurer le caractère écologique de leurs Sites Ramsar.

L'équipe de la mission, composée d’experts du Secrétariat, de correspondants nationaux des trois pays et d’observateurs de la Convention sur l’eau des Nations Unies, s’est rendue sur les trois Sites Ramsar concernés : le lac de Mikri Prespa (Site 60) en Grèce, le lac de Prespa (Site 726) en Macédoine du Nord, et les lacs de Prespa d’Albanie (Site 2151).
Les visites des sites étaient accompagnées de consultations avec les communautés locales, des maires, des scientifiques, des ONG et des partenaires internationaux, dont le PNUD et l’UE. Ces échanges ont permis d’identifier un certain nombre de préoccupations communes comme la gouvernance de l’eau, la perte de biodiversité et la nécessité de renforcer les zones de protection et de gestion.
Prespa est depuis longtemps un symbole de collaboration. À l’occasion de la Journée mondiale des zones humides en 2000, les Premiers ministres d’Albanie, de Grèce et de Macédoine du Nord s’étaient réunis pour annoncer la création du Parc de Prespa, la première aire protégée transfrontalière des Balkans. Le franchissement de cette étape importante a entraîné en 2010 la signature de l’Accord sur la protection et le développement durable de la zone du parc de Prespa par les trois ministres de l’Environnement et le Commissaire européen pour l’environnement.
Lors de la séance d'ouverture de la Mission consultative, Flore Lafaye de Micheaux, Conseillère principale au Secrétariat, a remercié les trois gouvernements pour le rôle moteur qu'ils ont joué, et a présenté le contexte global de cette mission : « Les écosystèmes de zones humides sont les gestionnaires de l’eau les plus efficaces de la nature, pourtant ils disparaissent trois fois plus vite que les forêts... La bonne santé des zones humides sous-tend plusieurs des Objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030. En investissant aujourd’hui dans les zones humides, nous éviterons d’en payer le prix fort demain. »
Les zones humides de Prespa continuent de fournir des ressources indispensables pour l’agriculture, la pêche, le tourisme et le bien-être des populations. Mais comme de nombreux autres grands lacs à travers le monde, elles sont confrontées à des menaces telles que la pollution, l’eutrophisation et les impacts du changement climatique.
« Comme pour les autres grands lacs à travers le monde… », a déclaré Flore Lafaye de Micheaux, « …les lacs de Prespa souffrent des maux de notre civilisation... Les réponses à ces multiples crises doivent toutefois être soigneusement conçues pour respecter les caractéristiques écologiques et sociales uniques de ces espaces. »
Elle a également fait part de sa gratitude envers le réseau plus large d'organisations qui travaillent dans la région, y compris la Society for the Protection of Prespa, le PNUD et l’UE.
Les conclusions de la Mission consultative de 2025 seront incluses dans un rapport en cours d’élaboration avec les trois pays. L’objectif est d’encourager la gouvernance à long terme renforcée de ce bassin transfrontalier et de veiller à ce que Prespa reste un sanctuaire de biodiversité et un modèle de coopération sur les zones humides.