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Fonds Nagao pour les zones humides : soutenir l’action locale en faveur de la conservation des zones humides d’Asie et d’Océanie

17 juin 2025
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Depuis 2016, le Fonds Nagao pour les zones humides aide divers pays à mettre en œuvre des projets ciblés, conformes aux priorités nationales fixées dans le cadre de la Convention sur les zones humides.

Financé par la Nagao Natural Environment Foundation, et co-géré par cette dernière et le Secrétariat de la Convention, le Fonds Nagao pour les zones humides a directement soutenu plus d’une douzaine de projets en Asie et en Océanie. Le Fonds a pour objectif d’aider les pays à renforcer la conservation des zones humides, dans la lignée du Plan stratégique de la Convention, en accordant une attention particulière aux projets à petite échelle qui peuvent servir de catalyseur à une action plus globale. Encourageant la reproductibilité, le Fonds soutient des projets qui génèrent des méthodes, des outils ou des enseignements pouvant être réutilisés dans le cadre d’autres projets.

Les subventions annuelles du Fonds Nagao pour les zones humides, dont le montant peut s’élever à 30 000 USD, sont destinées à des projets axés sur des enjeux tels que la gestion des sites, le suivi de la biodiversité, l’éducation communautaire ou l’examen des politiques. Autorités, chercheurs, ONG et organisations communautaires peuvent tous présenter une demande de subvention, à condition que les activités proposées reflètent les priorités nationales et répondent à des besoins concrets en matière de conservation.

Le Fonds Nagao pour les zones humides se distingue par l’importance qu’il accorde aux initiatives ancrées au niveau local. Le Fonds soutient des projets ciblés, assortis de délais, et conçus pour combler les lacunes en matière d’information, sensibiliser le public ou encore tester de nouvelles approches en matière de protection des zones humides. Ce modèle permet aux pays de relever des défis écologiques ou institutionnels bien précis tout en assurant le renforcement des capacités et en créant des possibilités pour une planification à plus long terme de la conservation. 

Plusieurs projets se sont attachés à renforcer la participation des parties prenantes et à mettre en place des plateformes de coopération au niveau local. Au Népal, par exemple, un projet a permis la préparation d’un plan de site intégré pour le Site Ramsar de Gosainkunda, ainsi que la création d’une plateforme permanente pour les zones humides qui visait à réunir les organismes gouvernementaux, les groupes de protection de la nature et les opérateurs touristiques. La plateforme sert désormais de mécanisme de coordination pour la gestion du site et la résolution des problèmes qui touchent ces lacs de haute montagne.

D’autres projets ont porté leur attention sur la sensibilisation et l’information, notamment dans les régions où l’appellation de « Site Ramsar » n’est pas bien connue ou comprise par les communautés locales. Au Cambodge, un projet mené sur le Site Ramsar de Stung Sen s’est appuyé sur une collaboration directe avec les écoles et les membres de la communauté afin de sensibiliser ces derniers à la valeur écologique du site. Un club de jeunes à vocation écologique a organisé des campagnes dans cinq villages et a collaboré avec les gardes forestiers du gouvernement pour piloter une initiative de lutte contre les espèces envahissantes. Cette approche marie éducation, action pratique et dialogue intersectoriel, une combinaison qui a fait preuve de son efficacité lorsqu’il s’agit de renforcer l’implication du public.

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Certains projets ont directement contribué au processus d’inscription de Zones humides d’importance internationale. Aux Philippines, une évaluation écologique des zones humides de Sibugay, menée sur une période d’un an, a permis de combler une lacune majeure dans les données et de constituer un dossier en vue de leur reconnaissance au niveau international. Le site a été officiellement inscrit sur la Liste des Zones humides d’importance internationale en janvier 2024. Outre l’inscription proprement dite, le projet a également permis la formation des acteurs locaux au suivi de la biodiversité ainsi que l’élaboration d’un plan d’action pour la conservation des zones humides, sous l’égide de la communauté.

Les projets financés par le Fonds Nagao pour les zones humides présentent des thèmes communs. Il s’agit, en premier lieu, d’une importante implication de la communauté, qui participe activement à la collecte de données, à l’éducation, à la planification et à la mise en œuvre, et qui en bénéficie. Vient ensuite la valeur des financements ciblés pour les interventions à court terme qui peuvent engendrer des résultats durables, que ce soit en générant des informations de référence ou en créant de nouvelles structures de gouvernance. Il s’agit, enfin, de la flexibilité du modèle du Fonds, qui permet une large gamme de types de projets tout en gardant un lien évident avec les objectifs de la Convention.

Plusieurs projets du Fonds Nagao pour les zones humides se sont concentrés sur la collecte et le partage de données écologiques en vue de soutenir les futurs travaux de conservation. Dans les zones humides de Setiu, en Malaisie, un projet mené par le WWF-Malaysia et le FRIM a permis de réaliser des inventaires de la biodiversité, de cartographier les forêts marécageuses et d’évaluer les stocks de carbone afin de combler les lacunes en matière de connaissances et d’orienter l’élaboration des politiques. Le projet a également impliqué les communautés locales dans des évaluations socio-économiques et a permis la production de supports d’information grand public destinés à mieux faire comprendre les valeurs des forêts de tourbières. 

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Au Sri Lanka, un projet a appliqué le protocole d’évaluation de la Liste rouge des écosystèmes de l’UICN à l’écosystème de mangroves du Site Ramsar de Wilpattu, rassemblant les données disponibles, identifiant les principales menaces et testant la faisabilité d’utiliser cette approche comme outil de prise de décision en matière de conservation. Aux Philippines, un projet Wetlands BioBlitz s’est appuyé sur la science citoyenne pour assurer le suivi des écosystèmes fluviaux de la région de Laguna de Bay. Des membres de la communauté, des étudiants et des responsables locaux ont participé à la collecte de données sur les espèces présentes ainsi qu’à la cartographie des menaces qui pèsent sur la santé de ces zones humides.

En générant des informations écologiques adaptées aux contextes locaux, ces projets ont renforcé la base scientifique qui permettra de planifier les futures activités de conservation et ont fourni des outils qui peuvent guider la gestion des zones humides bien après la date de clôture de chaque projet.

Les projets soutenus par le Fonds Nagao pour les zones humides ont abouti, et ce sur plusieurs niveaux, en servant de catalyseur à d’autres activités ou en attirant des investissements supplémentaires. Certains projets ont donné lieu à des recherches plus poussées ou à de nouveaux partenariats entre les autorités locales et les groupes de protection de la nature. D’autres ont suscité des discussions au niveau national sur les politiques relatives aux zones humides ainsi que sur le rôle des acteurs non étatiques dans leur mise en œuvre. Par exemple, à la suite du projet sur les zones humides de Setiu, une source de financement externe s’est présentée et soutient maintenant le WWF-Malaysia et le FRIM dans leur préparation d’une publication sur les forêts de tourbières qui s’appuie sur les conclusions et recommandations de l’étude.

Alors que les pays sont à la recherche de moyens efficaces d’atteindre les objectifs mondiaux en matière d’environnement, notamment ceux en lien avec la biodiversité, le climat et l’eau douce, le Fonds Nagao pour les zones humides est la preuve même que de petits investissements peuvent générer d’excellents résultats.