Gordana Beltram

Gordana Beltram

Coordinateur national 2014-2022 Ministère de l'Environnement et de l'Aménagement du territoire Slovénie.

Biographie

Gordana Beltram est une personnalité de premier plan dans le domaine de la conservation et de la gestion de la nature, dont la carrière s’étend sur plusieurs décennies. Elle a occupé des postes clés dans diverses organisations gouvernementales et non gouvernementales, contribuant de manière significative aux efforts nationaux et internationaux de protection de l’environnement.

Le parcours professionnel de Mme Beltram commence en 1982 lorsqu’elle rejoint Yugotours Globtour à Ljubljana en tant que guide touristique pour les visiteurs anglophones en Slovénie. Sa passion pour la conservation l’a amenée à poursuivre ses études, jusqu’à l’obtention d’un doctorat en écologie humaine à la Vrije Universiteit Brussel, en Belgique.

Tout au long de sa carrière, Mme Beltram s’est fortement impliquée dans la conservation et la gestion des zones humides. De 1997 à 2009, elle a été la correspondante nationale pour la Convention sur la diversité biologique et la Convention sur les zones humides, jouant un rôle essentiel dans l’élaboration des politiques et initiatives nationales liées à la biodiversité et à la protection des zones humides.

Le dynamisme de Mme Beltram s’étend au-delà des frontières nationales, comme en témoigne son implication dans plusieurs organisations et comités internationaux. Elle a notamment été Présidente du Comité permanent de la Convention sur les zones humides, Présidente du Conseil de surveillance et du Conseil d’administration de l’association Wetlands International, et Membre du Comité directeur du Partenariat mondial de l’eau.

Outre ses engagements professionnels, Mme Beltram est une auteure prolifique, avec de nombreuses publications sur la conservation des zones humides et la biodiversité à son actif. Ses travaux de recherche ont enrichi le discours mondial sur la durabilité environnementale et éclairé les grandes orientations aux niveaux local et international.

Le dévouement indéfectible de Gordana Beltram à la conservation de l’environnement lui a valu une large reconnaissance et un grand respect, tant en Slovénie que sur le plan international. Ses contributions continuent d’inspirer les générations futures d’écologistes et de défenseurs de l’environnement à œuvrer en faveur d’une relation plus durable et harmonieuse avec la nature.

Questions et réponses

Quelle expérience personnelle a façonné ou guidé votre parcours ?

Ayant toujours été à l’écoute de la nature, l’idée de consacrer ma carrière aux zones humides a peu à peu germé dans mon esprit. J’ai grandi à la campagne, dans la basse vallée de la rivière Vipava. Pendant mes études universitaires, les problèmes environnementaux se sont aggravés et j’en ai parlé dans mon mémoire de licence (la pollution environnementale au nord de l’Adriatique).
En 1983, j’ai décroché mon premier emploi au sein du Nature Conservation Institute. Pendant dix ans, les pressions sur l’environnement étaient sans répit, notamment à cause des terre-pleins créés pour pouvoir cultiver dans les plaines inondables de la rivière, du développement d'infrastructure et de l’utilisation de l’énergie hydraulique des rivières. Mais c'est aussi à cette époque-là que le public s'est pour la première fois opposé à la construction d’une série de centrales hydrauliques sur la rivière de la Mur en Slovénie. J’observais avec attention ce qu’il se passait et je n’ai que très modestement été impliquée, mais j’ai beaucoup appris des actions qui ont été menées pour sauvegarder la rivière et ses zones humides.

En 1989, j’ai commencé à master à Bruxelles et une fois diplômée, mon superviseur m’a encouragée à poursuivre avec un doctorat : mais quel sujet choisir ? J’en ai discuté avec mon mentor en Slovénie qui m’a dit « il y a tellement peu de choses qui ont été faites en matière de conservation et de protection des zones humides en Slovénie... » Ce sujet m’a intriguée et j’ai décidé de relever le défi, même si je ne savais pas grand-chose à propos des zones humides. En tant qu’écologiste et géographe, je n’étais pas seulement intéressée par le fonctionnement des écosystèmes, mais aussi par la perception qu’en ont les gens, par leur attitude vis-à-vis des zones humides et par les actions menées pour les préserver ou les détruire... Nous étions au début des années 1990, juste après la Conférence de Grado sur les zones humides méditerranéennes, et je n’étais pas au courant qu'un tel événement avait eu lieu. Mais quand j’ai commencé à en apprendre plus, je suis devenue de plus en plus passionnée par ces incroyables écosystèmes, leur importance pour la biodiversité et leur utilisation par l’être humain, mais qui étaient pourtant mal compris, peu respectés et souvent mal utilisés voire détruits.

Quelle figure marquante a été pour vous une source d'inspiration ? En quoi vous a-t-il/elle particulièrement inspirée ?

Plusieurs figures marquantes ont guidé mes actions et mes décisions. Pendant ma carrière, il y a toujours eu quelqu’un qui m'inspirait, me mettait au défi ou m’encourageait à agir.
Il y a tout d’abord ma mère qui m’a élevée dans le respect de la nature et de tous les êtres vivants. Tout cela a façonné les centres d'intérêt que j’ai développés plus tard dans ma vie.
Après ma licence en géographie, j’ai commencé à travailler à l’Institute for Conservation of Natural and Cultural Heritage au début des années 1980. Mon collègue biologiste, Matjaž Jež, était à mes yeux un véritable puits de science, mêlant connaissances, expérience sur le terrain, passion et savoir-être. Il m’a appris l'importance de notre travail pour la protection et la conservation du patrimoine naturel. Stane Peterlin, un pilier de la conservation de la nature en Slovénie, a façonné mon attrait puis ma passion pour les zones humides. Il y a eu le professeur M. J.J. Symoens, mon mentor pendant ma thèse de doctorat qui m’a toujours poussée à aller plus loin et m’a fait travailler dur pour répondre à ses innombrables questions. Plus j’en apprenais sur les zones humides, plus je m’engageais en faveur de leur protection et de leur utilisation rationnelle. 

Luc Hoffmann fait partie de ceux qui ont lu ma thèse. Thymio Papayannis et lui m’ont poussée à me concentrer de plus en plus sur l’utilisation rationnelle des zones humides méditerranéennes.
J’ai bâti un grand réseau d’experts et d’institutions qui travaillent dans le domaine des zones humides et je pourrais vous donner les noms de beaucoup d’autres de mes collègues qui ont façonné mon parcours et mon travail en faveur des zones humides à l’échelle locale, régionale, nationale ou mondiale. Quand j’ai commencé à travailler pour le gouvernement de Slovénie à la fin des années 1990, je suis vite devenue la représentante nationale pour les conventions et accords régionaux sur la biodiversité et je me suis de plus en plus intéressée aux problématiques mondiales, en particulier celles liées aux zones humides. Je peux dire que les zones humides font partie de moi.

Dans votre combat pour la conservation des zones humides, quel est le plus grand défi auquel vous ayez été confrontée ? Comment cette expérience a-t-elle affermi votre volonté d’avoir un impact positif ?

Ces quarante dernières années, il y a eu tant d’obstacles et de défis constants. Ce qui interpelle lorsqu'il est question de mettre en place des actions, c’est l’image que les gens se font des zones humides et leur attitude vis-à-vis d’elles, quels que soient le domaine et le secteur, mais plus particulièrement dans les secteurs de l’agriculture, de la gestion de l’eau et des infrastructures. À titre d’exemple, quand j’ai commencé à travailler à l’Environmental Agency, nous préparions une formation sur la conservation de la nature et la gestion de l’eau en Slovénie avec l’aide et l’expertise de la Tour du Valat. Il a fallu déployer pas mal d’efforts pour que nos collègues chargés des questions de gestion de l’eau acceptent de participer. Leur première réaction était de dire : « Vous (les écologistes) interférez avec notre travail. Nous sommes chargés de la gestion de l’eau et vous, des zones humides ». Mais nous n’avons pas baissé les bras. Il a fallu prendre le temps, échanger continuellement et se montrer pédagogues pour changer leur regard et leur attitude envers les zones humides. J’ai été confrontée à de telles réticences dans plusieurs projets et différents secteurs. Peu à peu, nous avons réussi à percer et nous gérons maintenant plusieurs projets à succès sur la conservation et la restauration des zones humides dans lesquels des partenaires issus de différents secteurs travaillent main dans la main avec un engagement qui ne faiblit pas. Mais je ne dirais pas que tout cela est de mon fait. C’est le résultat d'un travail d’équipe.

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