Trois sites Ramsar d'Ukraine retirés du Registre de Montreux

03 septembre 2003

Le Bureau Ramsar est heureux d'annoncer qu'à la demande du ministère de l'Environnement et des Ressources naturelles de l'Ukraine, les sites Ramsar ukrainiens des baies Karkinitska et Dzharylgatska, de la baie Tendrivska et de la baie Yagorlytska, ont été retirés du Registre de Montreux des sites Ramsar dont les caractéristiques écologiques ont connu, connaissent ou sont susceptible de connaître des changements, établi par la Recommandation 4.8 de la COP4 (1990). En 1996, la COP6 a adopté la Résolution VI.1 qui prévoit, dans son annexe, des «Définitions de travail des caractéristiques écologiques, lignes directrices pour décrire les caractéristiques écologiques et principes opérationnels du Registre de Montreux». Les Parties contractantes sont priées de soumettre des informations conformément au «Questionnaire du Registre de Montreux», pour évaluer une inscription possible au Registre de Montreux ou un retrait éventuel d'un site inscrit. Cette procédure a été menée à bien par les autorités ukrainiennes et les trois sites ont été retirés le 29 août 2003.

La baie Karkinitska, sur la côte septentrionale de la mer Noire, a été inscrite sur la Liste de Ramsar par l'Union soviétique, en 1975. En 1995, le gouvernement de l'Ukraine a agrandi le site pour y inclure la baie Dzharylgatska. Avant cela, le site avait été inscrit au Registre de Montreux, en 1990, car le ruissellement des rizières et des piscicultures voisines, ainsi que des eaux usées de fabriques de soude et de bromure avait créé une pollution et une eutrophisation massive des eaux où l'on pouvait constater d'importantes éclosions d'algues. La chasse non réglementée et les pressions du tourisme contribuaient, semble-t-il aussi, au déclin observé des oiseaux d'eau. Depuis lors, la situation s'est considérablement améliorée. Le Centre d'écologie marine de l'Ukraine surveille la qualité de l'eau qui a retrouvé un niveau acceptable. Les hydrocarbures et les pesticides polluants ont fortement diminué de même que le déversement d'eaux usées industrielles. Des zostères et des lits de Chara couvrent à nouveau de grandes parties des baies peu profondes. L'Inspection d'État de la mer Noire continue de surveiller la qualité de l'eau, conformément à la Convention de Bucarest sur la protection de la mer Noire contre la pollution qui a été ratifiée par l'Ukraine en 1994. Actuellement, avec le soutien d'un projet du FEM sur la conservation de la diversité biologique dans la région de la mer Noire-mer d'Azov, des plans de gestion sont en préparation pour les 22 sites Ramsar de l'Ukraine. Les valeurs biologiques du site ont été restaurées: c'est une zone importante pour la reproduction, la migration et l'hivernage des oiseaux d'eau ainsi qu'un site qui sert de frayère et de nurserie à sept espèces de poissons menacées, y compris les esturgeons très en danger.

La baie Tendrivska et la baie Yagorlytska, situées un petit peu plus au nord-ouest, ont aussi été inscrites comme un seul site Ramsar par l'Union soviétique, en 1975. Le gouvernement de l'Ukraine en a fait deux sites adjacents en 1995. Les deux sites ont été inscrits au Registre de Montreux en 1993, en raison de la dégradation de la qualité de l'eau, conséquence de l'apport d'eau de ruissellement polluée et extrêmement eutrophe provenant essentiellement de rizières, des perturbations causées aux oiseaux d'eau par les activités d'entraînement militaire aérien et des activités de pêche commerciale. Là encore, l'apport d'eau polluée dans les baies a été fortement diminué (en partie grâce à une réduction de la superficie des rizières). Depuis le démantèlement du site militaire voisin, les baies ne servent plus de zones de tir et d'entraînement. Les règlements de la chasse ont été harmonisés avec les besoins écologiques afin de réduire fortement les perturbations pour les oiseaux nicheurs. De nouvelles espèces nicheuses se sont d'ailleurs installées dans la région. La Réserve de biosphère Charnomorskyi, qui déborde largement sur les sites Ramsar, assure le suivi des indicateurs des caractéristiques écologiques des deux sites. La pêche n'est aujourd'hui autorisée, de manière restreinte, que dans la zone tampon de la Réserve de biosphère.

-- rapport rédigé par Tobias Salathé, Ramsar