Réunion sous-régionale pour l'Afrique de l'Ouest Dakar, Senegal, 12-14 mai 1997

14 mai 1997

Discours prononcé par Delmar Blasco, Secrétaire général de la Convention

Avant tout, je voudrais vous dire combien je suis heureux d’être parmi vous, à l’occasion de cette réunion régionale de Ramsar. Les rencontres régionales, en donnant la possibilité aux Parties contractantes d’échanger leurs idées et leur expérience à propos de la mise en œuvre de la Convention, sont extrêmement utiles. Je voudrais exprimer ma gratitude au gouvernement du Sénégal qui accueille cette réunion et, en particulier, au Directeur des parcs nationaux, M. Seydina Issa Sylla, qui est à l’origine de cette initiative en sa qualité de Représentant régional de l’Afrique au Comité permanent de la Convention. Le Sénégal qui fut Représentant suppléant pour la période triennale de 1993 à 1996 et qui a été élu Représentant régional à la Conférence des Parties, en Australie, en mars de l’année dernière, faisant preuve d’un dynamisme et d’un dévouement exemplaires, ne ménage pas ses efforts pour faire de la Convention de Ramsar un instrument utile de la conservation et de l’utilisation durable des zones humides d’Afrique. Nous lui sommes redevables, pour cet engagement et pour l’appui qu’il nous apporte.

Nous sommes aussi très reconnaissants au gouvernement de la Suisse pour son appui financier à l’organisation de cette réunion et au Bureau national de l’UICN au Sénégal qui a contribué à la préparation de l’événement. Le réseau UICN de Délégations régionales et Bureaux nationaux, dans toute l’Afrique, apporte un soutien énergique à la Convention et je profite de cette occasion pour en remercier publiquement l’UICN.

Nous avons le grand plaisir d’accueillir parmi nous les représentants de toutes les Parties contractantes de cette région - le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Ghana, la Guinée, la Guinée-Bissau, la Gambie, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Sénégal et le Togo - ainsi que le Bénin, le Nigéria et la Sierra Leone qui sont là à titre d’observateurs et qui, nous l’espérons, nous rejoindront bientôt. Nous sommes également ravis qu’un certain nombre d’organisations et d’ONG soient représentées. Le Secrétariat de la Convention est déterminé à renforcer ses relations de travail avec d’autres institutions œuvrant en faveur de l’environnement et du développement durable afin qu’ensemble nous puissions offrir les meilleurs services possibles aux pays et aux peuples d’Afrique.

Mesdames et Messieurs,

La Convention sur les zones humides fait des progrès remarquables. De plus en plus, les Parties contractantes et la communauté internationale dans son ensemble, la reconnaissent comme un traité important, capable de catalyser l’action au niveau national et la coopération au niveau international en faveur du développement durable.

Le mois dernier, nous avons atteint le chiffre de 100 Parties contractantes puis, quelques jours plus tard, de 101. Et nous savons que plusieurs pays sont en train de terminer leurs formalités d’adhésion, notamment la République du Congo. Le Botswana, dernier pays africain qui ait adhéré à la Convention, a inscrit, ce faisant, le plus grand site Ramsar: le delta de l’Okavango avec ses 6 864 000 hectares.

À ce jour, 872 sites ont été inscrits par les Parties contractantes sur la Liste des zones humides d’importance internationale. Leur superficie totale - 62 568 445 hectares - est supérieure à celle du Kenya. En outre, plusieurs pays se sont dotés ou sont en train de se doter d’instruments nationaux, tels que des politiques ou des plans ou des stratégies pour les zones humides, afin de remédier aux problèmes de conservation et d’utilisation durable de toutes les zones humides se trouvant sur leur territoire. En Afrique, c’est l’Ouganda qui a ouvert la voie: avec le Canada, l’Ouganda est, en effet, la première Partie contractante à avoir adopté une Politique nationale pour les zones humides.

Comme vous le savez, le fait marquant de la dernière Session de la Conférence des Parties contractantes, en Australie, en mars de l’année dernière, fut l’adoption du Plan stratégique Ramsar pour 1997-2002. Ce Plan est un instrument fort utile dont le but est d’aider les Parties contractantes à appliquer le traité au niveau national et de donner des orientations au Comité permanent, au Groupe d’évaluation scientifique et technique et au Secrétariat de la Convention, ainsi qu’aux ONG partenaires, dans les efforts qu’ils déploient pour aider les pays à réaliser les objectifs de la Convention.

Je pense que le Plan stratégique a fait un grand pas en avant en adoptant l’énoncé de Mission suivant: «La Convention a pour mission de favoriser la conservation et l’utilisation rationnelle des zones humides par des mesures prises au plan national et par la coopération internationale, comme moyens de parvenir au développement durable dans le monde entier.» Le concept d’«utilisation rationnelle» inscrit dans le texte de la Convention est compris comme «utilisation durable» et défini par la Conférence des Parties comme «l’utilisation durable, au bénéfice de l’humanité, d’une manière qui soit compatible avec le maintien des propriétés naturelles de l’écosystème». Reconnaître que la mission de Ramsar consiste à contribuer à l’avènement du développement durable ancre fermement le traité dans le contexte d’Action 21 et du cadre de pensée de l’après-Rio, la conservation et le développement étant perçus comme les deux côtés d’une même pièce. Si l’un des côtés est abîmé, la pièce perd sa valeur.

Le Plan stratégique Ramsar traite aussi de la nécessité d’instaurer une plus grande synergie entre les conventions et les institutions du domaine de l’environnement, en particulier celles qui sont nées de la Conférence de Rio sur l’environnement et le développement. Le Secrétariat de Ramsar a signé un protocole de coopération avec les secrétariats de la Convention sur la diversité biologique et de la Convention sur la conservation des espèces migratrices; il a l’intention de nouer des relations de travail étroites avec la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification, car dans les régions arides, les zones humides sont vitales pour le maintien de la diversité biologique et pour la survie de l’homme.

La dernière session de la Conférence des Parties à la Convention sur la diversité biologique a adopté une décision qui invite Ramsar «à coopérer en devenant l’un des chefs de file de la mise en œuvre d’activités relevant de la Convention, en rapport avec les zones humides» et demande, en particulier, au Secrétaire exécutif de «solliciter la participation de la Convention sur les zones humides d’importance internationale à la préparation de documents portant sur le statut et les tendances des écosystèmes d’eaux intérieures qui seront examinés par la Conférence des Parties [à la Convention sur la diversité biologique] à sa quatrième session ».

À Brisbane, l’année dernière, la Conférence des Parties à la Convention sur les zones humides a également fait oeuvre de pionnier en adoptant une Résolution sur Ramsar et l’eau et une Recommandation sur les substances toxiques dans les zones humides. La Résolution intitulée «Ramsar et l’eau» est, à mon sens, d’importance capitale parce que, pour la première fois, la Conférence des Parties reconnaît «l’importance des fonctions hydrologiques des zones humides, notamment pour la recharge des eaux souterraines, l’amélioration de la qualité de l’eau et l’atténuation des crues, ainsi que les liens inextricables qui existent entre les ressources aquatiques et les zones humides». Comme je le disais dans mon discours d’inauguration, à Brisbane: «Trois pour cent seulement de l’eau de la planète est douce et une quantité considérable de cette eau est captive, dans les calottes polaires et les glaciers. Les lacs et les cours d’eau ne contiennent que 0,014 % de toute l’eau et les nappes souterraines moins encore. Et cependant, toute la diversité biologique de la Terre, y compris l’incroyable aventure humaine, est tributaire de cette infime quantité d’un élément essentiel à la vie. L’eau douce et de bonne qualité est déjà extrêmement rare dans beaucoup de régions et semble devoir se raréfier dans bien d’autres. Il est fort possible qu’au 21e siècle l’eau soit le principal problème pour l’environnement et le développement».

Je souhaite très sincèrement que cette réunion de Dakar donne l’occasion aux pays et aux institutions ici présents d’analyser les moyens à leur disposition pour appliquer le Plan stratégique Ramsar, d’analyser les moyens par lesquels le Secrétariat et d’autres instruments de la Convention tels que le Groupe d’évaluation scientifique et technique (présidé par une Africaine éminente, Mme Yaa Ntiamoa-Baidu) ou le Fonds Ramsar de petites subventions peuvent contribuer davantage aux efforts déployés par les Parties contractantes et, enfin, de faire des recommandations à ce sujet. Voyons aussi comment les Autorités administratives Ramsar de chaque pays peuvent collaborer plus étroitement avec les institutions chargées de l’application d’autres conventions et comment la Convention de Ramsar peut coopérer de façon plus efficace avec les organismes d’aide extérieurs, y compris les ONG, dans l’intérêt des pays bénéficiaires.

Enfin, efforçons-nous d’identifier les problèmes cruciaux de cette région pour les porter à l’attention de la prochaine Conférence des Parties qui aura lieu au Costa Rica du 10 au 18 mai 1999 et dont le thème général sera «L’homme et les zones humides - Un lien vital».

Merci encore au Sénégal et, en particulier, à M. Seydina Sylla pour l’organisation de cette réunion que je vous souhaite très fructueuse et très agréable.