Retrait du Registre de Montreux du Parc National des Oiseaux du Djoudj

18 septembre 2009

La Convention de Ramsar sur les zones humides félicite le gouvernement de la République du Sénégal pour avoir mis en œuvre avec succès des mesures destinées à améliorer les caractéristiques écologiques du Parc National des Oiseaux du Djoudj  (site Ramsar n° 138), ce qui a entraîné son retrait du Registre de Montreux des sites Ramsar en péril.

Ce site, caractérisé par des lacs, des chenaux de marée et des étangs reliés par un réseau de canaux au cœur de la zone inondable du fleuve Sénégal, a été inscrit parmi les sites Ramsar car il remplissait les critères 1 et 3 ; il constitue un exemple unique de type de zone humide quasi naturelle et il est établi qu’il abrite des populations d'espèces animales et végétales importantes pour le maintien de la diversité biologique de la région.

Le Parc National des Oiseaux du Djoudj a été inscrit sur le Registre de Montreux essentiellement en raison d’une infestation par la Salvinia molesta, la Pistia stratiotes et le Paspalum vaginatum. Néanmoins, depuis son inscription sur la Liste Ramsar des zones humides d’importance internationale, le site était confronté à plusieurs autres menaces, dont l’accumulation continue de dépôts alluvionnaires entraînant une baisse du niveau d’eau à l'intérieur des canaux, d’où une régulation artificielle des niveaux d’eau et un adoucissement de l’eau, ce qui contribuait à l’infestation des canaux par des espèces exotiques envahissantes.

Pour remédier aux problèmes rencontrés par le site, lesquels menaçaient non seulement la biodiversité qu’il abritait mais aussi la pérennité des activités génératrices de revenus pour les communautés locales (riziculture, élevage de bétail, chasse, conservation de la nature et tourisme), les mesures suivantes ont été prises en réponse à la Mission consultative Ramsar conjointement organisée en 2000 par Ramsar, le Patrimoine mondial et l’UICN :

1. Renforcement des capacités : Réorganisation du personnel employé à l’intérieur du parc grâce à l’élaboration et à l'application d'un cahier des charges pour chaque poste, ce qui a permis de définir précisément les rôles et fonctions des éco-guides et des éco-gardes. Tous ont participé à des séances de formation financées par le FSP Sénégal afin de renforcer leurs compétences techniques en termes de gestion du site et d’aide aux touristes, ce qui a entraîné une hausse des revenus.

2. Élaboration d’un plan d’action : Financée par le Convention du patrimoine mondial de l’UNESCO, cette opération a permis de répartir précisément les mesures indispensables à mettre en œuvre pour lutter contre les espèces exotiques envahissantes, l’une des premières d’entre elles consistant à trouver un moyen de mesurer les nivaux d’eau.

3. Restauration : Financée par le gouvernement des Pays-Bas, l’opération visait à restaurer les aires de nidification (4000 m²) et à renforcer les berges à l’aide d’enrochements (roches utilisées pour protéger les berges de l’érosion).

4. Contrôle biologique : Grâce à une gestion artificielle des niveaux d’eau et à l’utilisation de coléoptères spécialisés dans la lutte contre les espèces exotiques invasives présentes sur le site.

Suite à ces interventions, de nombreuses améliorations ont été constatées, notamment une augmentation des populations de dendrocygnes veufs (Dendrocygna viduata) et de canards à bosse (Sarkidiornis melanotos) présentes dans le parc (comparaison d’études menées en 1989 et en 2008), du fait de ressources alimentaires plus importantes. Une étude complète des espèces désormais présentes sur le site sera menée au cours d’un atelier prévu en novembre 2009.

Cet atelier, qui aura pour objet de définir quelles mesures s’imposent pour garantir que les caractéristiques écologiques du site ne seront plus menacées, impliquera le ministère en charge de la gestion des parcs nationaux, l’AEWA (Accordsur les oiseaux d'eau migrateurs d'Afrique et d'Eurasie) et Wetlands International.

Nous encourageons les autres Parties contractantes à suivre l’exemple du Sénégal en collaborant avec les organisations internationales partenaires de Ramsar et d’autres AME pour accomplir la mission de la Convention de Ramsar en faveur d'une utilisation rationnelle des zones humides.

-- Cynthia Kibata,
Conseillère assistante pour l’Afrique