Madagascar -- Designation de Sites Ramsar et developpement d'une stratégie nationale: Rapport d'avancement

22 mai 2003

DESIGNATION DE SITES RAMSAR ET DEVELOPPEMENT D'UNE STRATEGIE NATIONALE POUR LES ZONES HUMIDES

RAPPORT D'AVANCEMENT

Par Simon Rafanomezantsoa
Freshwater Officer

Ce rapport décrit les activités achevées jusqu'au mois d'avril 2003 dans le cadre du présent projet subventionné par WWF International - Campagne Eaux Vivantes. Nous allons particulièrement mettre en évidence les points suivants:

1- Rappel

D'après le document du projet, l'objectif général du projet consiste à conserver la biodiversité endémique des zones humides de Madagascar en visant un minimum de 600.000 ha à classer sous la Convention de Ramsar. Il s'agit de désigner de nouveaux sites de zones humides d'importance internationale (sites Ramsar) et de proposer des extensions aux sites actuels afin d'assurer la représentativité de toutes les subdivisions biogéographiques des zones humides malgaches.

Parallèlement, il a été décidé d'appuyer le développement d'une stratégie nationale pour une gestion durable des zones humides.

2- Développement d'une Stratégie nationale pour une gestion durable des zones humides à Madagascar.

La Direction Générale des Eaux (DGEF) et Forêts et le Comité National Ramsar (CONARAMS) ont organisé l'atelier national pour développer les grandes lignes de la Stratégie nationale pour les zones humides. Ledit atelier a été tenu au mois d'octobre 2002 à Antananarivo. WWF, outre les appuis logistiques, a envoyé plusieurs membres de son staff programmatique pour participer activement à cet atelier. Un consultant a été recruté pour conduire la rédaction du document et a sorti le premier draft au mois de novembre 2002.

Après l'atelier, plusieurs réunions du Comité National Ramsar (CONARAMS) ont été tenues, réunions principalement axées sur l'émission et discussions des commentaires, corrections et suggestions afin d'améliorer le plan et le texte du document (forme et fond). Il y a eu donc jusqu'à maintenant 3 réunions du CONARAMS tenues à la Direction Générale des Eaux et Forêts (DGEF). Plusieurs collègues du WWF (Représentant, Directeur de Conservation, Legislation Programme Officer, Biodiversity Programme Officer et Marine Programme Officer entre autres) ont commenté le document Stratégie nationale et apporté des suggestions pour son amélioration.

Le draft final a été reçu le 9 avril 2003 mais après une première lecture, il s'avère que quelques corrections mineures devraient encore être apportées.

3- Désignation des sites Ramsar

Suite à la réunion des membres du consortium de ce présent projet (Durrell Wildlife Conservation Trust-DWCT, The Peregrine Fund-TPF, Wildlife Conservation Society-WCS et WWF) tenue au bureau du WWF le 28 janvier 2003, les sites potentiels prioritaires retenus pour être désignés dans le cadre du présent projet sont les suivants :

· Extension/mise à jour du Parc National de Tsimanampetsotsa (10.000 ha)
· Parc National de Midongy (6.000 ha)
· Bassin d'Alaotra (722.500 ha)
· Marais de Torotorofotsy (5.000 ha)
· Lac saumâtre de Bedo (50 ha)
· Baie de Sahamalaza (60.000 ha)
· Extension/mise à jour du Complexe des lacs de Manambolomaty (15.000)
· Parc privé de Tsarasaotra (5 ha)

La superficie totale de ces sites étant d'environ 808.555 ha.

Pour chaque site, voici une brève description des activités entreprises:

- Parc de Tsarasaotra (région centrale de Madagascar): la fiche descriptive-FDR (fiche technique) remplie en 1998 a été reprise et complétée, puis envoyée à la famille Ranarivelo, propriétaire du site pour correction et complément d'informations. Nous sommes en attente de leur réponse.

- Parc National de Tsimanampetsotsa (sud-ouest): nous collaborons avec l'Association Nationale pour la Gestion des Aires Protégées (ANGAP) pour la remise à jour des informations à fournir dans la fiche descriptive Ramsar-FDR. Nous sommes en train de travailler donc sur la fiche descriptive Ramsar.
L'ANGAP a toutefois réitéré le besoin d'élaboration d'un plan de gestion pour le site Ramsar Tsimanampetsotsa bien que le plan de gestion pour l'aire protégée soit déjà développé et le plan d'aménagement des circuits écotouristiques en train d'être élaborés dans le cadre d'un projet entrepris par WWF (Projet WWF-Plateau Mahafaly).

- Parc National Midongy du Sud (sud-est): l'évaluation préliminaire des informations existantes a été conduite. D'après la documentation effectuée, la potentialité réelle de ce site (marais et système de rivières) se trouve du côté de la ville de Befotaka qui se trouve à l'intérieur même du parc (partie centre sud du parc). La région est très enclavée mais une descente sur terrain sera envisagée pour recueillir les données manquantes en cas de besoin réel.

- Bassin d'Alaotra (centre-est): grâce aux efforts entrepris depuis plusieurs années, le dossier d'inscription (FDR) du Lac Alaotra (722.500 ha) et ses bassins versants a été transmis au Bureau Ramsar le 20 janvier 2003. Nous avons participé à la revue et correction de la FDR avant son envoi. Notre partenaire Durrell Wildlife Conservation Trust (DWCT) envisage de trouver des fonds pour le développement d'un plan de gestion de ce site. Dans le cadre du présent projet, des campagnes d'information, éducation et communication sont conduites pour constituer entre autres le Comité Régional de gestion de la zone humide.

- Marais de Torotorofotsy (centre-est): nous collaborons avec le Wildlife Connservation Society (WCS). Cet organisme a déjà produit le draft de la fiche descriptive Ramsar-FDR et envisage de la présenter au consortium pour commentaire avant son approbation par l'Autorité administrative Ramsar.

Une association locale créée suite à l'animation effectuée par l'ANGAP ces dernières années est venue nous rencontrer pour rapporter leur projet d'inclure le grand marais de Torotorofotsy dans la Liste Ramsar des zones humides d'importance internationale. Des activités sont prévues dans leur projet afin de conduire le processus de désignation à terme et pour informer et sensibiliser les communautés et autorités locales sur la conservation et l'utilisation rationnelle des zones humides par le biais d'ateliers locaux et régional. Nous avons décidé avec la collaboration de la DGEF de mettre en cohérence les activités entreprises par les intervenants dans la région (WWF, WCS et association).

La célébration nationale de la Journée Mondiale de l'Environnement (JME) du 5 juin 2003 se tiendra à Moramanga, la grande ville la plus proche de Torotorofotsy. Le thème pour cette année est « L'eau : deux milliards de personnes en meurent d'envie ». D'après le procès-verbal de la réunion de préparation de cette journée, tenue à l'Office National de l'Environnement (ONE), le président du Comité Régional de Développement (CRD) de Mangoro, la région où se trouve le site en question, a demandé l'inscription de Torotorofotsy dans le cadre de la Convention de Ramsar, argument principal de la demande de la célébration nationale.

- Lac saumâtre de Bedo: DWCT est en train de travailler sur terrain (région de Morondava, sud-ouest de Madagascar) afin de contacter et sensibiliser les acteur locaux sur la nécessité de conserver ce lac et ainsi de l'inscrire sur la Liste Ramsar.

- Baie de Sahamalaza (nord-ouest): WCS travaille depuis de nombreux mois voire même quelques années dans ce site qui est d'ailleurs proposé comme Réserve de Biosphère Marine, le draft de la fiche descriptive est prêt et cet organisme envisage de présenter les acquis devant le consortium avant de rassembler tous les dossiers et les envoyer à Ramsar après approbation par l'Autorité administrative Ramsar (DGEF).

- Complexe des lacs de Manambolomaty (ouest): The Peregrine Fund travaille dans 3 des 4 lacs formant ce complexe (lacs Ankerika, Befotaka et Soamalipo) et DWCT dans le 4ème lac (lac Antsamaka) depuis plusieurs années. L'objet de leur travail dans le présent projet est l'extension du site en y incluant les mangroves de la rivière Manambolo. L'intention est aussi d'organiser un atelier local pour intégrer si possible dans le plan de gestion (en cours de développement) la gestion des mangroves, objet donc de l'extension du site.

Un appui technique est en train d'être apporté au Peregrine Fund pour la mise à jour des informations sur le site, le remplissage de la nouvelle version de la fiche descriptive Ramsar 2003 et la planification des actions éventuellement nécessaires pour compléter les informations manquantes.

4- Autres activités se rapportant ou non au projet

- Célébration de la Journée Mondiale des Zones Humides (JMZH) 2003 dont le thème était "Pas de zones humides, pas d'eau". Des matériels d'information et de sensibilisation ont été reçus du Bureau Ramsar: posters, film vidéo plus une matrice sans commentaire et un document d'information.

Un point de presse a été organisé le 31 janvier 2003 au Bureau de DWCT par l'organisme hôte et la DGEF pour présenter les acquis en matière de conservation des zones humides à Madagascar dans le cadre de la Convention de Ramsar; entre autres le processus d'élaboration de la Stratégie nationale pour les zones humides et la désignation du Lac Alaotra comme site Ramsar, y compris un rappel de toutes les étapes franchies qui avaient conduit à l'inscription de ce site.

Le ministre de l'Environnement et des Eaux et Forêts, Charles Sylvain Rabotoarison, l'a annoncé, le 2 février -"Journée Mondiale des Zones humides" - le Lac Alaotra avec ses bassins versants (région d'Ambatondrazaka, centre-est de Madagascar) est le 3ème site malgache inscrit sur la liste Ramsar.

Parallèlement, Madagascar choisissait Alaotra comme lieu de la célébration nationale de la JMZH du 2 février 2003. La proposition voulait emmener par avion des autorités nationales d'Antananarivo et des organismes partenaires, mais le mauvais temps qui sévissait pendant cette période rendait impossible ce projet. La célébration à Ambatondrazaka consistait en une cérémonie officielle de remerciements du Ministère de l'Environnement et des Eaux & Forêts qui avait approuvé la désignation du lac Alaotra comme site Ramsar et rappel des efforts entrepris jusque-là en matière d'environnement en général. D'autre part, la JMZH a été marquée par le transfert de gestion de 6.000 ha de marais à la communauté de base qui d'ailleurs acceptait d'augmenter la zone réservée à la conservation de la biodiversité lacustre de la région jusqu'à 50% de la totalité transférée.

Nous avons contribué à la réussite de cet évènement car des posters, des documents d'information et une copie du film vidéo sur Ramsar, qui étaient destinés à notre usage, ont été envoyés là-bas. Une copie du press release avec l'extrait du discours prononcé par le Ministre de l'Environnement et des Eaux & Forêts a été transmis au Bureau Ramsar par notre soin.

- Développement et rédaction d'un manuel de procédure pour l'inscription des zones humides d'importance internationale sur la liste Ramsar (sites Ramsar). Le document a été circulé au niveau des membres du consortium.

- Développement d'un concept pour un appui institutionnel dans la mise en oeuvre de la Stratégie nationale pour les zones humides au mois de mars 2003. Le document, sans le budget, a été circulé pour commentaire et suggestion au niveau du staff de WWF Madagascar. Nous sommes en train de finaliser le budget puis re-circuler le document. Un autre concept est en cours d'élaboration. Cette seconde proposition de projet consiste à l'élaboration de plans de gestion pour les sites Ramsar à désigner dans le cadre du présent projet.

5- Les prochaines étapes

Les prochaines étapes dans le présent projet sont les suivantes :

- le dossier Stratégie nationale pour les zones humides : réunion ou atelier de validation à planifier par la DGEF vers la fin juin-début juillet 2003. Lors de la dernière réunion du CONARAMS, il a été suggéré à la DGEF de faire du lobbying auprès des autres ministères afin de faciliter l'approbation du dossier au niveau du Gouvernement avec l'appui des membres du consortium.

- l'élaboration du manuel de procédure de désignation des sites Ramsar est achevée, nous envisageons sa présentation et son approbation au niveau du CONARAMS en même temps que le document sur la Stratégie nationale.

- les regroupements des informations sur les sites proposés sont en cours de finalisation et les visites des sites dont les données manquent encore sont en train d'être planifiées voire même en cours de réalisation (par exemple : travaux de terrain en cours au Lac Bedo, visites et échange d'informations pour le Parc de Tsarasaotra…). En fait, comme la saison de pluie est presque terminée à Madagascar, il sera beaucoup plus facile d'accéder aux sites à partir du mois de juin. Nous profiterons de ces descentes sur terrain pour rechercher un consensus bien fondé entre parties prenantes et bénéficiaires pour la désignation des sites d'importance internationale, organiser des réunions et rencontres avec les groupes de décideurs concernés pour développer un groupe d'appui en faveur la gestion des sites et partager les informations aux différentes instances de décision du pays et aux groupes cibles.

Il est important pour le projet d'identifier les initiatives et pratiques de conservation des zones humides et extension de celles avec succès dans les sites désignés et responsabiliser tous les concernés à chaque étape du processus de la conservation de chaque site.

- bien entendu, les fiches descriptives seront complétées au fur et à mesure que de nouvelles informations parviennent. Il est programmé d'organiser une réunion de présentation et d'approbation de l'autorité administrative Ramsar (DGEF) et le Comité National Ramsar (CONARAMS) au mois de juillet 2003 pour les dossiers d'inscription des sites dont nous travaillons actuellement.

6- « Don à la Terre » (Gift to the Earth) : objectif un million d'hectares de zones humides

Dans le cadre du Don à la Terre de WWF, nous avons envisagé l'inscription de un million d'hectares de zones humides sur la liste Ramsar.

Avec le projet actuel, on aura désigné environ 808.555 ha, lac Alaotra inclus. Donc, pour pouvoir atteindre le chiffre de un million, il faut envisager l'inscription de quelques 292.397 ha. Nous avons un tableau établi bien avant l'élaboration du document du présent projet avec une liste d'autres sites potentiels dont la superficie totale avoisine les 100.952 ha. Il est donc important d'identifier d'autres sites et de les rajouter à la liste actuelle.

Le problème primordial pour les zones humides malgaches est le manque de données car soit les sites n'ont fait d'aucune étude auparavant, soit aucun(e) organisme/institution n'y travaille, comme l'inventaire des zones humides n'a jamais fait l'objet d'un projet à Madagascar.

En résumé, il serait donc utile de a) réviser notre liste de sites potentiels en y ajoutant d'autres zones humides b) envisager beaucoup plus de temps sur terrain pour compléter les informations manquantes (inventaire biologique et socio-éco) et c) éventuellement travailler avec d'autres partenaires.