Le Sommet mondial sur le développement durable - «Rio+10»

28 mai 2001

Le Sommet mondial sur le développement durable, appelé jusqu’à présent Sommet «Rio+10», aura lieu à Johannesburg, Afrique du Sud, du 2 au 11 septembre 2002.

La Commission du développement durable de l’Organisation des Nations Unies, créée en tant que mécanisme d’application d’Action 21 au niveau des Nations Unies, fait office de Comité préparatoire (Prep Com) pour le Sommet. À la première réunion du Prep Com, à New York, du 30 avril au 2 mai, Ramsar était représenté par le Secrétaire général. Le Prep Com a reconnu officiellement «le secrétariat de la Convention sur les zones humides… comme une organisation internationale habilitée à participer, avec le statut d’observateur, aux préparatifs du Sommet mondial sur le développement durable».

La première réunion du Prep Com a traité essentiellement des préparatifs du Sommet. Les réunions sur le fond auront lieu en janvier et en mars, à New York, et en mai, au niveau ministériel, à Bali, Indonésie.

Chaque pays est censé entreprendre son propre processus préparatoire du Sommet au niveau national. Certains ont déjà entamé ce processus mais beaucoup ne l’ont pas encore fait. Comme les lecteurs le savent, le Bureau a communiqué, à toutes les Parties contractantes à la Convention de Ramsar, le document intitulé «Action 21 et la Convention de Ramsar» en les invitant à en faire usage dans leurs préparatifs du Sommet. À New York, certaines délégations contactées par le Bureau avaient connaissance du document mais beaucoup ignoraient son existence.

Il y aura, en outre, une série de réunions régionales «organisées entre août et novembre 2001 afin de concevoir des plates-formes régionales pour réaliser une évaluation régionale de la mise en œuvre d’Action 21, esquisser les principales questions politiques, priorités et mesures de suivi et contribuer, de manière substantielle, au processus préparatoire du Sommet ; examiner les objectifs à atteindre dans la prochaine décennie pour les domaines jugés prioritaires et déterminer comment chaque région y contribuera et les moyens de mise en œuvre dont elle aura besoin, de la part de la communauté internationale; et pour transmettre leur point de vue sur la coopération internationale pour le développement durable aux niveaux régional et mondial.»

La plus importante réunion du Prep Com sera celle de janvier. Le Secrétaire général des Nations Unies a été invité «en préparation de son rapport exhaustif à la première séance sur le fond du Comité préparatoire, de tenir intégralement compte des opinions exprimées par les participants à la séance d’organisation du Comité ainsi que des résultats des activités préparatoires entreprises aux niveaux national, sous-régional, régional et interrégional, y compris par les principaux groupes identifiés dans Action 21, pour le Sommet, et sur cette base, *** d’indiquer, entre autres, les éventuels grands thèmes que pourrait traiter le Comité préparatoire dans l’optique du Sommet, *** en tenant compte de la nécessité de traduire le fait que le développement économique, le développement social et la protection de l’environnement sont des éléments interdépendants du développement durable qui se renforcent mutuellement et qu’il convient de les traiter de manière équilibrée, la nécessité de présenter des propositions concrètes dans le but de faciliter la mise en place et en œuvre du développement durable, conformément à Action 21, à tous les niveaux, ainsi que la nécessité de traiter les questions intersectorielles et les moyens de mise en œuvre d’une manière intégrée et complète.» (Nous avons inséré *** pour indiquer que les principaux thèmes du Sommet seront tirés, dans une large mesure, des propositions qui parviendront au Secrétariat des Nations Unies dans les documents prévus pour la réunion de janvier 2001.

Le Prep Com a également décidé «que le processus préparatoire tiendra également compte des résultats des… réunions des Conférences des Parties aux conventions issues de la CNUED *** et autres conventions mondiales pertinentes *** ainsi que du réapprovisionnement du FEM.» (Une fois encore, nous avons inséré les ***. La référence à «autres conventions mondiales pertinentes», absente du projet d’origine, a été ajoutée par quelques pays membres de Ramsar.

Enfin, une décision du Prep Com intéresse tout particulièrement Ramsar, c’est celle qui invite «tous les processus intergouvernementaux concernés par le Sommet, y compris le processus de Gouvernance internationale en matière d’environnement lancé par le Conseil d’administration du PNUE, à soumettre leurs rapports de situation/résultats au Comité préparatoire à sa deuxième réunion, ainsi que leurs résultats finals à la troisième réunion, afin que le processus préparatoire puisse en tenir dûment compte.»

Ce processus de Gouvernance internationale en matière d’environnement examine, entre autres, la question du fonctionnement des accords multilatéraux sur l’environnement (AME). Le Bureau participe activement à ce processus pour veiller à ce que l’avis et les intérêts de la Convention soient pleinement pris en compte et que l’on ne se contente pas d’examiner les accords liés à l’Organisation des Nations Unies, ce qui a été le cas jusqu’à présent : la Convention de Ramsar a été acceptée et perçue comme un partenaire très actif. Le PNUE a produit un document analysant la situation actuelle des AME (il sera bientôt disponible sur notre site Web) avec quelques recommandations préliminaires. Le processus se poursuivra et Ramsar devrait apporter de nouvelles contributions et assister à plusieurs réunions pertinentes.

Enfin, le Bureau Ramsar a participé la semaine dernière à une réunion relative au Sommet, à Bruxelles, organisée par la Coalition européenne Rio+10 avec l’appui du PNUE et de la Commission européenne. La Coalition est un consortium de grandes ONG de l’environnement et du développement et d’entreprises d’Europe qui ont accès à la Commission européenne. Nous avons saisi cette occasion d’insérer la Convention dans un autre processus relatif au Sommet avec un accès particulier à l’Union européenne. Les questions principales posées à cette réunion étaient les suivantes: 1) Comment le Sommet peut-il faire pencher la balance en faveur des populations pauvres de la planète? et 2) Quelles initiatives les Européens, en particulier, peuvent-ils offrir?

Le Secrétaire général de Ramsar a présidé la séance sur «La pauvreté et l’environnement» et, dans son introduction, a déclaré que les AME devaient être considérés comme des instruments utiles dans la lutte pour l’éradication de la pauvreté. En conséquence, les conclusions de la réunion contiennent une section sur le «Lien entre les plans d’action contre la pauvreté et les AME – la Convention de Ramsar et le Plan d’action contre la pauvreté, une initiative pilote de la Convention de Ramsar, avec l’appui de la Coalition européenne». La forme finale de cette initiative pilote doit encore être préparée, en collaboration avec la Coalition et toute proposition du réseau Ramsar serait la bienvenue.

En conclusion, le principal intérêt de Ramsar dans ces processus est de garantir que la Convention soit pleinement reconnue comme un instrument du développement durable sur un pied d’égalité avec les conventions issues de la CNUED et autres conventions des Nations Unies. Si elle y parvient, la Convention de Ramsar augmentera ses chances de voir son rôle reconnu dans les processus politiques et les mécanismes de financement, aux niveaux national et international. Tous ces efforts peuvent sembler étrangers ou du moins, bien loin du travail quotidien sur le terrain qui vise à parvenir à la conservation et à l’utilisation durable des zones humides, mais ils sont essentiels si l’on veut que notre action soit possible et plus efficace.

En conséquence, le réseau Ramsar est prié de se tenir au courant de ces processus et de saisir chaque occasion d’obtenir la reconnaissance intégrale des travaux de la Convention dans les efforts déployés à l’échelle mondiale. Pour cela, il faudra rechercher activement les possibilités de contribuer aux processus nationaux de préparation du Sommet et participer, lorsque l’occasion se présentera, aux réunions régionales qui auront lieu entre août et septembre 2001.

-- rédigés par Delmar Blasco, Secrétaire général