Dynamisme des femmes des Comités Locaux de l’Eau du Centre Nord dans la mise en œuvre Projet « Consolidation de la Gouvernance Environnementale Locale (COGEL) et dans l’application du concept de gestion rationnelle des zones humides

La politique nationale genre de 2009 du Burkina Faso relève  l’existence d’inégalités de genre séculaires dans les domaines de l’accès, de l’approvisionnement et de la gestion de l’eau potable. Elle précise que les insuffisances en matière d’hygiène et d’assainissement sont également préjudiciables, à des degrés divers, à l’un et l’autre sexe. En effet,  pour l’approvisionnement en eau pour les besoins domestiques, l’essentiel de la corvée est supporté par les femmes ou les filles. Ainsi, beaucoup d’énergies et de temps sont consacrés à cette activité en milieu rural et péri urbain au détriment d’activités de production ou de renforcement des capacités. Cependant, lorsque l’activité requiert un caractère marchand, elle se masculinise davantage.

En dépit de ce diagnostic, les statiques des services de la promotion de la femme montrent qu’en 2013 l’entreprenariat féminin a constitué un moteur de la croissance économique et de la création d’emplois  en contribuant pour environ 70% à la formation du PIB. Ainsi, les femmes au Burkina Faso interviennent majoritairement dans la transformation et la commercialisation des produits de l’agriculture, de la foresterie, de l’élevage, de l’artisanat, de la pêche, etc…

Dans une note de capitalisation publiée en 2011, l’UICN montre que la mise en place des Comités Locaux de l’Eau (CLE) améliore la représentativité des femmes dans les organisations de gestion en approvisionnement en eau potable et assainissement et accroit la prise en compte de leurs problèmes et besoins spécifiques dans le choix des ouvrages et des technologies qui les accompagnent. Le CLE est le maillon de base de la gouvernance des ressources en eau et illustre le parachèvement institutionnel à l’échelle locale de l’application des 4 principes élémentaires mais fondamentaux pour la Gestion Intégrée des Ressources en Eau dont celui selon lequel les femmes sont au cœur des processus d’approvisionnement, de gestion et de préservation de l’eau. Depuis 2013, le Projet « Consolidation de la Gouvernance Environnementale Locale (COGEL) », avec l’appui du PNUD et de la Coopération autrichienne, appuie les collectivités territoriales décentralisées de la région du Centre-Nord et leurs CLE. Les CLE, grâce au dynamisme des femmes, ont significativement contribué à la mise en place d’une Charte Foncière Locale (CFL), règle consensuelle édictée localement pour la gestion rationnelle du Lac Dem, Site Ramsar et à la désignation de trois nouveaux sites Ramsar : le lac de barrage de Tougouri, le le lac de Barrage de Yalgo et le Bassin de Nakanbé-Mané.

Parmi les conditions de succès de la mise en œuvre de la CFL, les femmes ont réussi à faire adopter à l’unanimité, une disposition non discriminatoire relative à un accès équitable et durable à la ressource eau des lacs Dem (Site Ramsar) et Sian et à leurs berges. Etant en contacts directs avec la nature et principaux pourvoyeurs des ménages en ressources forestières et en produits forestiers non ligneux, les groupements de femmes et de jeunes font partie intégrante du comité inter-villageois de suivi et de contrôle de  cette charte inter-villageoise.

Par Paul Ouédraogo (Conseiller Principal Afrique, Secrétariat de la Convention de Ramsar) & Bobodo Blaise Sawadogo (Coordonnateur du Projet Consolidation de la Gouvernance Environnementale Locale)