Le Niger inscrit trois sites Ramsar importants dans le bassin du Niger

17 août 2004

Le gouvernement du Niger, qui a pris des mesures énergiques ces dernières années avec l'aide active du Programme «Eaux vivantes» du WWF International, pour inscrire, sur la Liste de Ramsar, plusieurs zones humides extrêmement importantes le long du fleuve Niger et dans le bassin du lac Tchad, vient d'inscrire trois nouveaux sites couvrant au total trois quarts de millions d'hectares le long du Niger et de deux de ses anciens affluents venant du nord. Abou Bamba, Conseiller principal pour l'Afrique au Bureau Ramsar, a remis au ministre nigérien de l'Environnement un «diplôme de site» pour chacun des trois nouveaux sites, lors de la réunion intitulée «Partenariat international pour le bassin du Niger: vision partagée, de la stratégie vers un plan d'action» organisée à Paris, à l'initiative du Président Jacques Chirac, les 26 et 27 avril 2004. L'équipe chargée de l'Afrique au Secrétariat ayant pu examiner à fond les fiches descriptives, les nouveaux sites peuvent être ajoutés à la Liste des zones humides d'importance internationale. Il s'agit de Dallol Bosso (376 162 hectares), Dallol Maouri (318 966 ha) et de la Zone humide du moyen Niger II (65 850 ha) dans la plaine d'inondation du Niger.

«Dallol Bosso», dans le département de Dosso (376 162 hectares; 13°57'N-02°98'E) est un réseau de cours d'eau saisonniers et de mares permanentes dans l'ancienne vallée nord-sud d'une branche depuis longtemps morte du fleuve Niger, associé à une dépression longue de 775 km qui part en direction du sud depuis le Mali. Des sols sableux et un aquifère proche de la surface contribuent à l'importance agricole de la région où l'on trouve la seule population viable, en Afrique de l'Ouest, de la girafe Giraffa camelopardalis. Le site entretient également de nombreuses espèces de poissons à différentes étapes de leur cycle de vie dont certaines migrent vers le Niger durant l'hiver où elles enrichissent la biodiversité. Les principales utilisations anthropiques de la région sont l'agriculture d'irrigation, l'élevage, la sylviculture, la pêche et l'exploitation du natron. Les effets de la désertification, qui se traduisent notamment par des pluies incertaines, l'ensablement et un renouvellement insuffisant de la nappe phréatique, sont préoccupants tandis que le surpâturage et l'appauvrissement des sols par la surexploitation sont considérés comme des menaces potentielles. La région est proche du Parc national du W et fait partie de la Réserve de biosphère de l'UNESCO du même nom. Site Ramsar No 1382.

«Dallol Maouri» à Gaya (318 966 ha; 12°04'N-03°30'E) est un ancien affluent du Niger de direction nord-sud le long de la frontière du Nigéria au sud-ouest qui est aujourd'hui un complexe de mares permanentes salines et alcalines et de cours d'eau et ruisseaux saisonniers présentant une végétation exceptionnelle avec notamment le palmier Borassus aethiopum et le palmier doum Hyphaene thebaïca. Environ neuf groupes ethniques vivent dans la région et ont pour principaux moyens d'existence : une agriculture pluviale et des jardins maraîchers, l'extraction de sel, la pêche, la sylviculture et le pâturage. Il est manifeste que la région a un bon potentiel de tourisme durable et un programme de recherche local, financé par la Suisse, étudie les possibilités de développer des moyens d'existence durables. Comme ailleurs dans la région, la désertification est la menace la plus grave pour le site. Site Ramsar No 1381.

La «Zone humide du moyen Niger II» qui se trouve aussi dans le département de Dosso (65 850 ha; 12°21'N-02°54'E) comprend une bande de 25 km du fleuve Niger le long de la frontière du Bénin, dans le sud-ouest du pays, avec les plaines d'inondation et les étangs associés. La région est extrêmement importante pour la présence d'Echinochloa stagnina, une plante fourragère de qualité et de la graminée Anthephora nigritana qui sert d'habitat à des milliers d'oiseaux d'eau ainsi que de pâturage. Parmi les espèces menacées il y a la mangouste à queue blanche, le renard pâle Vulpes pallida et le lamantin d'Afrique Trichechus senegalensis, tandis que les mares permanentes servent de refuge à plusieurs espèces de poissons qui ont disparu ailleurs dans le fleuve. Le régime hydrologique se caractérise par une période de crue de quatre à cinq mois commençant en août avec des pluies torrentielles locales, et qui reprend en novembre avec des inondations en aval. Les sols alluviaux riches permettent des activités agricoles et pastorales mais des pratiques non rationnelles ainsi que des proliférations de massettes Typha australis sont des menaces potentielles. La terre appartient essentiellement à l'État mais la population bénéficie de droits d'usage anciens. Site Ramsar No 1383.

Denis Landenbergue et l'équipe du Programme «Eaux vivantes» du WWF mérite des remerciements appuyés pour avoir aidé à rassembler les données et à inscrire ces trois nouveaux sites - une contribution énorme à l'assemblage des pièces de la mosaïque du bassin fluvial du Niger et de ses ressources de zone humide vitales sous la bannière de Ramsar.