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Des écosystèmes d’une valeur exceptionnelle : analyse du premier critère d’identification de la Convention sur les zones humides

16 avril 2024

Free Boat Boatman photo and pictureLes bateliers traditionnels sillonnent les eaux complexes des Sundarbans, fournissant des marchandises et des moyens de transport vers les communautés isolées. ©Gulzer Hossain

Stopper la perte mondiale de zones humides, inverser cette tendance et conserver les sites restants grâce à une utilisation et une gestion rationnelles n’est pas un rêve lointain pour la Convention sur les zones humides, mais bien une réalité à laquelle ses Parties contractantes s’emploient chaque jour. 

 

L’une des étapes fondamentales de ce processus est l’identification des zones humides d’importance internationale et leur inscription. Cela concerne actuellement plus de 2400 Sites couvrant plus de 2,5 millions de kilomètres carrés sur les territoires de 172 Parties contractantes dans le monde. Pour qu’une zone humide soit reconnue d’importance internationale, il doit être prouvé qu’elle répond au moins à l’un des neuf critères d’inscription. Ces critères sont basés sur la présence de communautés écologiques importantes et d’un large éventail d’espèces dépendant des zones humides. 

Le premier critère

En tant que fondement de la reconnaissance de l’importance d’une zone humide, le premier critère est essentiel. Selon lui, un tel site doit contenir « un exemple représentatif, rare ou unique de type de zone humide naturelle ou quasi naturelle présent dans la région biogéographique concernée ». Cela signifie qu’il doit présenter des caractéristiques biologiques, écologiques ou hydrologiques significatives qui ne sont pas couramment rencontrées ailleurs dans les régions biogéographiques de la Partie contractante. 

La réalisation d’un inventaire national des zones humides est l’exigence fondamentale pour l’application de ce critère, car ce n’est qu’avec de telles informations qu’il est possible d’évaluer si une zone humide est effectivement représentative, rare ou unique.

Ce critère permet de s’assurer que la liste des zones humides d’importance internationale porte sur une gamme diversifiée et complète de types de zones humides. Actuellement, environ 1800 zones humides d’importance internationale répondent au premier critère.

Los Pantanos de VillaLos Pantanos de Villa est une zone humide urbaine qui fournit de nombreux services à la population locale. ©Los Pantanos de Villa

Exemples de zones humides répondant au premier critère 

La zone humide et la forêt protégée des Sundarbans sont situées dans la plus grande mangrove du monde, les Sundarbans. Elles comprennent des centaines d’îles et un labyrinthe de cours d’eau, de ruisseaux et de criques, dans le delta du Gange et du Brahmapoutre sur le golfe du Bengale en Inde et au Bangladesh, et elles servent de barrière protectrice contre l’érosion et les catastrophes naturelles. Exemples emblématiques d’application du premier critère d’inscription d’une zone humide d’importance internationale, ces écosystèmes sont également connus pour leur conservation exceptionnelle de la biodiversité, abritant notamment un cinquième des populations mondiales restantes du tigre du Bengale, une espèce en danger.                                   

Un autre exemple se trouve au Royaume-Uni, où le Broadland offre un paysage de zones humides unique, façonné par les activités passées d’extraction de tourbe. Il s’agit d’un réseau de cours d’eau et de lacs qui servent d’habitats à une grande diversité d’espèces, des caractéristiques naturelles distinctives qui relèvent du premier critère. 

En Australie, le Parc national de Kakadu, réputé pour sa beauté exceptionnelle, abrite des écosystèmes de zones humides qui n’existent que dans la partie tropicale du nord du continent. Il comprend notamment des plaines d’inondation, des mangroves et des zones influencées par la marée qui constituent des habitats essentiels pour les oiseaux migrateurs et les populations de poissons, indispensables à l’équilibre écologique ainsi qu’au mode de vie des populations autochtones. 

Si de nombreuses zones humides d’importance internationale sont connues au plan mondial, nombre de sites plus petits répondant au premier critère remplissent des fonctions importantes pour leur région et les communautés locales. 

Au Pérou, le site de Los Pantanos de Villa, par exemple, ne s’étend que sur 263 hectares. Située à Lima – la deuxième plus grande ville située dans un désert – cette zone humide urbaine abrite plusieurs espèces mondialement menacées, dont le manchot de Humboldt, une espèce vulnérable. Il s’agit d’un lieu populaire pour les loisirs, le tourisme, l’éducation et la recherche scientifique, et il constitue une oasis dans l’étendue de Lima. 

Free Australia Kakadu National Park photo and pictureLe parc national de Kakadu, en Australie, abrite de nombreux types de zones humides, notamment des forêts de mangroves. ©Herbert Bieser

La valeur des Zones humides d’importance internationale

Le premier critère d’inscription des zones humides d’importance internationale vise à identifier et à protéger les zones humides uniques, rares ou représentatives d’un certain type, soulignant ainsi l’engagement mondial en faveur de la préservation de la biodiversité et de l’intégrité écologique de ces écosystèmes. Ce principe fondamental de la Convention sur les zones humides met en évidence l’importance de ces habitats, non seulement pour la diversité des espèces végétales et animales qu’ils abritent – souvent des espèces que l’on ne trouve nulle part ailleurs – mais aussi pour les services qu’ils rendent à l’humanité.

En accordant la priorité à la conservation des zones humides qui répondent à ce critère, la Convention fournit une base pour garantir que ces écosystèmes vitaux puissent à l’avenir continuer à remplir leurs fonctions écologiques et à soutenir le bien-être humain. 

 

De plus amples informations sur les neuf critères d’inscription des zones humides d’importance internationale sont disponibles ici.