Partager, écouter, raconter la richesse des histoires du Rhin

22 octobre 2013

Par Madame Pfleger correspondante locale du quotidien Dernières Nouvelles d’Alsace et Edith Wenger, Fédération Alsace Nature

Le 27 septembre à Daubensand, un village français situé à 30 km de Strasbourg, la fédération Alsace Nature a organisé une rencontre au sujet du Rhin et de sa diversité biologique. Ces soirées conviviales ont pour but de faire connaître la désignation du Rhin supérieur en zone humide d’importance internationale et de donner la parole aux habitants des villages situés dans le site pour exprimer leur expérience, leurs histoires, leurs émotions liées au fleuve et leurs attentes. Les intervenants invités lancent la discussion  en introduisant leur sujet.

La « veillée Ramsar », avait au programme trois intervenants : le professeur Carbiener, habitant du village, ancien professeur d’écologie des plaines alluviales; Bruno Jäger, ancien président de la guilde des pêcheurs de la région de Kappel, organisateur de promenades en barque à fond plat sur la plaine alluviale du Taubergiessen; et le professeur Laurent Schmitt, géographe à l’université de Strasbourg.

C’est avec nostalgie et beaucoup d’émotion que le Professeur Carbiener parle du Rhin d’avant la canalisation, des souvenirs ayant marqué toute sa jeunesse. «  Lorsqu’à 3h du matin mon père me réveillait, en me disant ‘On va pêcher au Rhin’, je trépignais de joie ! Le Rhin, c’était un mot magique ! Le Düwesander Eck était connu de tous les pêcheurs ». Il cite les anciens pêcheurs de Daubensand, M. Sauer, M. Stieger et M. Busch qui ne sont malheureusement plus là pour parler de leurs activités. Il insiste sur la tristesse du Rhin, et sur la perte de la biodiversité qui a suivi la canalisation : plus d’ablettes, plus de spirlins, plus de saumons. « Nous avons beaucoup perdu avec ces transformations du Rhin ».

Bruno Jäger retrace la diversité piscicole à travers les âges. Au 19’siècle déjà, les poissons avaient diminué de moitié, suite à l’augmentation du nombre de pêcheurs, de la rectification, de l’industrialisation. En 1986, après le drame de Sandoz, 30 tonnes de poissons ont péri. Les poissons migrateurs ont disparu du Rhin depuis la construction des barrages. Peu à peu, les politiques ont commencé à réagir pour essayer d’améliorer la qualité de l’eau du Rhin. Des débuts de redynamisation des bras du Rhin côté allemand ont été réalisés en coopération avec les spécialistes français. Des essais de réintroduction de poissons se sont avérés positifs, reste le problème des cormorans, objet d’un vif débat dans la salle.

Laurent Schmitt parle de l’actualité, notamment des travaux de restauration du Rhin supérieur. Il évoque la création et le fonctionnement des polders, en particulier celui d’Erstein ainsi que des passes à poissons. La restauration des berges du Rhin est un chantier déjà bien avancé, mais demande un suivi et des crédits importants. Ces travaux de restauration ont déjà permis le retour du saumon et l’augmentation de la biodiversité. Se posera plus tard le problème de la durabilité de ces restaurations. Le Rhin, ce fleuve le plus transformé par l’homme, dans son aspect et son fonctionnement, n’a pas fini de faire parler de lui.

La soirée s’est terminée tard par un vin d’honneur offert par le maire qui a confirmé son intérêt pour préserver les prairies humides encore présentes.