Disparition de Luc Hoffmann

22 juillet 2016

C’est avec un profond chagrin que les amis de la Convention de Ramsar sur les zones humides ont appris que M. Luc Hoffmann nous avait quittés à l’âge de 93 ans. M. Hoffmann est décédé le 21 juillet dans cette région si chère à son cœur, la Camargue, en France.

L’un des pères fondateurs de la Convention de Ramsar, M. Hoffmann en fut l’un des plus solides piliers par son appui scientifique et stratégique, mais aussi par d’importantes contributions financières.

Il fut aussi le cofondateur, ainsi qu’un des principaux soutiens de deux Organisations internationales partenaires (OIP) de la Convention : le Fonds mondial pour la nature (WWF) et Wetlands International. Outre le rôle éminent qu’il a joué dans le développement des OIP, il a créé trois organisations de conservation des zones humides : la Station biologique de la Tour du Valat en Camargue (1954), la FIBA (Fondation du Banc d’Arguin, 1984) et la Fondation MAVA (1994). Pionnier de la conservation de la nature, il a participé aux premières étapes de la création d’un traité international sur les zones humides, dès le lancement du Projet MAR, en 1961. M. Hoffmann fut aussi une des grandes figures de la conservation de zones humides remarquables comme la Camargue, en France, Coto Doñana, en Espagne, et Prespa (Albanie, ex‑République yougoslave de Macédoine et Grèce).

Passionné par la nature à laquelle il a consacré toute sa vie, il fut un pionnier et un scientifique visionnaire.

Pour la Convention de Ramsar, c’est une grande perte. Comme le disait Isaac Newton, « Si j’ai vu plus loin, c’est parce que j’étais assis sur les épaules de géants » et dans le domaine des zones humides, M. Luc Hoffmann était un géant.

Un livre de condoléances en ligne a été placé ici par la Fondation MAVA. N’hésitez pas à y écrire vos pensées en ce jour de célébration de la vie et des accomplissements de Luc Hoffmann. Les condoléances à la famille peuvent être envoyées à Suzanne.amrein@fondationmava.org

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En 2012, M. Luc Hoffmann a reçu le Prix honorifique Ramsar du 40e anniversaire, un hommage de la communauté Ramsar à ce philanthrope qui a accompagné la Convention des fonds baptismaux à sa maturité.

À cette occasion, Luc Hoffmann s’est prêté à l’entretien suivant :

On dit souvent de vous que vous êtes l’un des pères fondateurs de la Convention de Ramsar. Quel cheminement a conduit à l’idée de créer une Convention et à en faire une réalité?

L’idée a été proposée par les participants à la conférence sur les zones humides organisée aux Saintes‑Maries‑de‑la‑Mer en 1962 et formulée comme une recommandation. Comme j’étais l’organisateur de la conférence, j’ai essayé d’obtenir l’appui des gouvernements et des organisations intergouvernementales.

Note éditoriale : L’appel initial à une convention internationale sur les zones humides date de 1962, et a été lancé lors d’une conférence qui faisait partie du Projet MAR, un programme établi en 1960 face à la rapidité inquiétante avec laquelle de vastes espaces de marais et de zones humides d’Europe étaient en train d’être « mis en valeur », c’est‑à‑dire, en réalité, détruits, entraînant un déclin du nombre d’oiseaux d’eau.

La Conférence MAR a été organisée par M. Luc Hoffmann, avec la participation de l’Union internationale pour la conservation de la nature et de ses ressources (UICN), du Bureau international de recherches sur les oiseaux d’eau et les zones humides, BIROE (aujourd’hui Wetlands International) et du Conseil international pour la protection des oiseaux, CIPO (aujourd’hui BirdLife International), aux Saintes-Maries-de-la-Mer, en Camargue, France, du 12 au 16 novembre 1962.

L’ampleur de vos réalisations et de votre influence est époustouflante. Il est évident que vous aviez une vision très large de la conservation de la nature. Qu’est-ce qui vous a donné cette perception généreuse? Et comment avez-vous été amené à consacrer toute votre vie à la conservation de la nature?

J’ai toujours été intéressé par la nature et j’ai été inspiré par des personnalités comme Max Nicholson, Peter Scott et François Bourlière.

Pourquoi les zones humides vous intéressent-elles en particulier?

J’ai eu un coup de cœur pour les zones humides et j’ai été touché par le fait qu’elles étaient négligées par les naturalistes.

À votre avis, quelle est la valeur de la Convention de Ramsar pour les zones humides et la conservation de l’eau (quelle est sa contribution)?

La contribution de la Convention de Ramsar est capitale pour la sensibilisation aux zones humides, l’étude des zones humides et la conservation de régions particulièrement précieuses.

Que signifie pour vous ce Prix honorifique Ramsar du 40e anniversaire?

C’est pour moi la preuve que si vous persistez dans une entreprise, vous pouvez réussir.

Avez-vous un message général à transmettre sur l’importance de l’utilisation rationnelle des zones humides?

Les zones humides jouent un rôle important pour le fonctionnement de la nature mais elles ne peuvent jouer ce rôle que si on les utilise de façon rationnelle. En conséquence, l’utilisation rationnelle est aussi importante que la protection.

L’année du 40e anniversaire de la Convention, la Camargue a été choisie pour l’organisation d’une réunion annuelle des acteurs français de Ramsar afin de commémorer la conférence internationale du Projet MAR (pour « MARshes, MARrécages, MARismas »). Tout sa vie, Luc Hoffmann a contribué, du point de vue scientifique, stratégique et financier, à la conservation des zones humides, ainsi qu’à la création et au développement de la Convention de Ramsar – parmi bien d’autres réalisations. Une soirée spéciale a été organisée en Camargue pour lui rendre hommage.

À votre avis, quels sont les aspects les plus marquants de votre œuvre, ce que vous souhaiteriez mettre en valeur dans le contexte de ce prix?

Face aux pressions toujours plus fortes de la destruction des zones humides, nous devons multiplier les observatoires des zones humides pour intensifier l’observation permanente des zones humides.